Première partie : Congrès Pastorale des Vocations et Vie Consacrée

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Article rédigé par quatre soeurs du Cénacle présentes au Congrès : Luisa CURELLI, Elisabeth STILLHARD, Nathalie ALBERT et Anne-Catherine SIMON, 
 
 
Du 1er au 3 décembre 2017 a eu lieu à Rome le premier Congrès international sur la pastorale vocationnelle, qui a rassemblé environ 800 religieux venus du monde entier et travaillant pour la pastorale des jeunes et des vocations. Nathalie, Anne-Catherine, Elisabeth et Luisa y ont participé pour notre province Europe-Togo.
Objectif du Congrès : permettre à la vie religieuse de faire des propositions pour le Synode des Evêques sur « les jeunes, la foi et le discernement des vocations » qui se tiendra en 2018 afin que la vie religieuse soit présente et prise en compte dans la réflexion.
 
A cette occasion du Congrès, le Pape François a adressé un long message aux participants. Vous pouvez le lire sur le site en cliquant ici
 
Le site du Vatican ne propose pas encore de traduction en français.
Nous souhaitons partager avec vous ce que nous avons vécu.
Voici tout d’abord le programme du Congrès que vous pouvez trouver en cliquant ici.
 
Dans un second temps, nous vous partagerons notre réflexion : les questions qui sont nées au cours de ce Congrès, les idées, les réactions.
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Jour 1 : vendredi 1er décembre
Le premier jour nous a donné un large aperçu de la réalité de la vie religieuse et des jeunes.
Monseigneur José Rodriguez Carballo a commenté le texte de Jean 1, "Venez et voyez".
La vocation est l'appel à marcher à la suite de Dieu et le premier critère de discernement est de vérifier si la personne cherche Dieu, en se souvenant que si l'homme peut chercher Dieu, c'est parce que Dieu l'a cherché en premier. L'appel de Dieu est libre et la vie du religieux, de la religieuse devrait être un magnificat continu, car c'est le don de vivre avec lui.
Jésus passe, voit, aime et appelle. Ces verbes sont tous importants dans la pastorale des jeunes.
Les conditions et les manifestations de la sequela Christi : 
La foi : si le jeune ne fait pas confiance au Seigneur, il ne peut pas le suivre. Il est donc nécessaire de l'accompagner sur un chemin de foi.
Le détachement : l'appel est une expérience qui permet de distinguer un avant et un après et de prendre du recul par rapport à soi-même, aux autres et aux biens matériels.
La « sequela » : le disciple n'est pas évalué selon ce qu'il laisse, mais selon ce qu'il trouve (Parabole du trésor en Mt 13). Laissez-vous faire comme le vase du potier.
La « vocation » n'est pas une fonction, ce n'est pas un acte, mais c'est suivre Jésus, c’est le mettre au centre de notre vie. C'est une conversion continue.
 
Nous devons changer la pastorale des jeunes. L'annonce doit être narrative, il doit y avoir le témoignage de vie. Ce doit être une proposition explicite. Jésus utilise l'impératif.
Comment sommes-nous appelés à vivre? La première chose à faire est d'aimer les jeunes parce que, quand ils se sentent aimés, ils acceptent la radicalité. La crise de la vie consacrée est une crise de transparence. Nous devons également prendre soin de la qualité de la vie consacrée et nous rappeler que les jeunes ont une autre expérience, différente de celle du formateur. L'expérience du jeune doit être écoutée, entendue.
 
« Les jeunes et la vie consacrée » Pascual Villanueva SDB
La vie religieuse ne finira pas parce que c'est une suite du Christ. Les congrégations religieuses peuvent s’éteindre, mais pas la vie religieuse. Nous devons écouter les jeunes qui demandent à être entendus. Don Bosco a dit que, chez les jeunes, il y a des points sensibles qui nous permettent d'entrer en relation
avec eux. Il ne faut pas s'attarder sur le point de départ du jeune qui est toujours relatif. Nous devons regarder le point d'arrivée, la fin. L'Église doit les écouter,
sinon elle risque de donner des réponses à des questions que personne n'a posées.
Les disciples d'Emmaüs sont une belle icône pour dire comment vivre la relation avec les jeunes. La première annonce, le Kérygme, est essentielle. Les jeunes
nous disent: « Ne nous parlez pas du Christ, mais faisons l'expérience d'une rencontre avec lui ». Créer des expériences qui conduisent à la rencontre du
Christ et qui transmettent la grammaire de la vie chrétienne.
Villanueva a posé la question : « Comment les jeunes regardent-ils la vie religieuse? » 
De son point de vue, nous sommes considérés comme des fournisseurs de services sociaux !
Demandons-nous : transmettons-nous un charisme ou gérons-nous des oeuvres ? Il nous a rappelé que nous ne sommes pas des philanthropes mais des apôtres. Nous montrons alors dans les oeuvres que Dieu est amour. Changeons les oeuvres par notre qualité de présence. Nous devons développer une
culture vocationnelle, c'est-à-dire considérer la vie comme une vocation.
 
Timothy Radcliffe, OP « Cultures et vie consacrée : entre possibilités et difficultés ».
Radcliffe a partagé sa réflexion de sa riche expérience en tant que supérieur général de l'ordre dominicain. Sa mission lui a fait rencontrer de nombreuses cultures et en relever les défis. La vie religieuse est un appel à la vie (Dt 30), elle est appelée à « la vie en abondance ».
Le principal défi qu'il reconnaît pour la vie religieuse est : comment nos communautés peuvent-elles être des lieux de vie alors que la vie se dit de différentes manières dans différentes cultures ? La diversité principale n'est pas tant ethnique que générationnelle. La mondialisation des médias est présente partout dans le monde.
Etre vivant pour les jeunes, c'est être connecté. Mais les communautés virtuelles ont tendance à rassembler des gens qui pensent de la même manière. En fait, la modernité a très peur de la différence. Les algorithmes d’Internet relient les gens qui pensent de la même manière, évitant de faire se rencontrer ceux qui pensent de manière différente !
Question : Comment la vie religieuse peut-elle vivre ce défi ? Le danger de rejeter les différences est également présent dans la vie religieuse. L'arrivée des jeunes dans nos communautés nous permet de découvrir qui nous sommes. Nous devons découvrir notre identité et la rencontre avec les cultures nous fait faire ce travail. L'identité n'est pas un choix mais une découverte à mesure que nous devenons frères et soeurs d'autres cultures et générations. Laissons tomber les petites identités, nous sommes au Christ !
Le grand défi est de soutenir des cultures particulières dans ce pèlerinage et d’avancer au-delà vers le Royaume? Radcliffe a donné trois pistes : nous devons comprendre la vie religieuse comme un appel radical à quitter notre foyer, à suivre le Christ au-delà de nos petits mondes et à avoir le courage de défier la timidité de notre culture. Soutenir les jeunes avec une forte théologie des voeux. Les voeux sont un mode de vie libérateur. Nous avons besoin d'un leadership fort, créatif et courageux.
 
Donner confiance aux jeunes, leur offrir la tranquillité et le calme. Permettre aux jeunes d'avoir une structure. Pratiquez l'art de la conversation afin que nous soyons ouverts à l'acceptation d'autres façons de penser. Former les jeunes à être des gens qui confessent avec confiance leur foi. Cela demande de l'humilité dans l'écoute : je peux apprendre de l'autre qui a quelque chose à m'apprendre. Si nous osons apprendre d'un autre, nous reconnaissons l'autorité d’un autre. Ensuite, nous recevrons l'autorité, le respect.
 

Dans la deuxième partie de l'après-midi, nous nous sommes retrouvés dans des groupes par continents pour partager ce que nous avons vécu pendant la journée et identifier les besoins les plus urgents dans la pastorale des vocations.
 
Jour 2 : samedi 2 décembre
Cette seconde journée était placée sous la présidence de Mgr Joao Braz, Cardinal de Aviz.
Nous l’ouvrons en célébrant l’eucharistie.
 
Nous écoutons la présentation de différentes expériences pastorales des vocations à travers le mondeen passant par tous les continents. Tour à tour, chaque intervenant présente ce qui se fait dans son pays : nous allons du Brésil aux Philippines, puis au Cameroun, en France (avec sr Nathalie Becquart,
xavière, directrice du SNEJV) et enfin en Amérique du Nord. 
Au Brésil : création d’un institut pastoral des vocations regroupant 13 instituts pour montrer la beauté de la vie consacrée.
Au Vietnam : une auberge de jeunesse pour étudiants et jeunes travailleurs, comme une alternative aux maisons de formation avec un lien proche avec la paroisse.
Au Cameroun, 10 régions, 2 langues, 50 groupes ethniques ! Pourtant, il y a un groupe diocésain des vocations présentant le sacrement de l’ordre et la vie religieuse.
A Assise en Italie, chez les Franciscains, c’est un service d’orientation des jeunes qui s’appuie sur trois dimensions : évangélisation, annonce vocationnelle, accompagnement personnalisé. Les jeunes attendent de nous que nous passions du temps avec eux.
En France, la présentation de sr Nathalie Becquart est à télécharger en cliquant ici. Le SNEJV est au service de tous les acteurs de l’évangélisation. L’évangélisation des jeunes doit passer par les jeunes. A nous de nous laisser bousculer par eux. La synodalité est une clé pour cette pastorale (écouter ensemble) ainsi que vivre la communion missionnaire, entre les instituts. C’est par là que passe la promotion de toutes les vocations. Quelques exemples concrets sont présentés comme « les années pour Dieu », proposition d’un an de discernement accompagné, le pavillon des vocations à Lourdes. 
Aux Etats-Unis, une enquête est présentée. Il faut utiliser les médias sociaux pour la promotion des vocations pour rejoindre les jeunes sur leur terrain. Puis aller jusqu’à une rencontre personnelle.
 
 
 
Après ces témoignages, nous nous sommes retrouvés en groupe linguistique afin de partager à notre tour, en petit groupe (une vingtaine de personnes) nos différentes expériences. A l’issue de ce partage, nous déterminons 2 propositions de pastorale vocationnelle que nous considérons comme prioritaires et réalisables et nous les transmettons au dicastère.
Puis l’après-midi, nous écoutons à nouveau un partage d’expériences avec un panel « appelé à la vie consacrée » en parcourant le monde entier.
Le cardinal Lorenzo Baldisseri nous présente ensuite le synode d’octobre 2018 faisant un rappel historique sur l’origine de ce synode. 
 
La dernière intervention de la journée est faite par le cardinal Beniamino Stella présentant la Ratio de 2016 sur la formation des séminaristes et son adaptation pour la formation à la vie religieuse : Le soin de la dimension humaine dans le cheminement de la vie consacrée.
A travers ce document, l’accent est mis sur la vie des jeunes et leurs caractéristiques humaines et de coeur. Dans la formation des prêtres, les études ne sont pas les plus importantes car ce qui prime ; c’est d’abord la structure humaine.
Il s’agit là d’un travail patient qui implique toutes les dimensions de la vie, tout au long de la vie, cheminement ininterrompu du disciple pendant lequel on se laisse conduire au Christ, poussé par l’Esprit, dans une radicalité de l’Evangile.
L’expérience de la foi n’est pas un habit extérieur à revêtir… au risque d’être des « païens avec deux couches de peinture » ! Mais il touche toutes les dimensions de la personne…
Quelques aspects importants du contenu à la formation humaine : 
- Se connaître soi-même. Eduquer la personne à la vérité de son être, la liberté de soi… (n°63). Sans avoir peur de se confronter à soi même au risque de fuir la réalité (avoir un plan B pour sa vie). Parcours intérieur qui implique toutes les formes de formation, dans une synergie entre le formateur et le candidat. Nommer ses fragilités, ses besoins, familles, sa propre histoire…
- Développer les vertus humaines, la connaissance de soi ouvre à la pleine liberté de soi même… n°93 liberté intérieure et psychique qui nous rend attentifs aux détails de la vie quotidienne, de la réalité, selon le principe de la gradualité
- Etre capable de relations affectives saines. Maturité psychoaffective et sexuelle. 
La journée s’est conclue par un temps convivial, dans Rome, avec d’autres français.
 
Jour 3 : dimanche 3 décembre
Nous avons commencé la journée avec la prière.
Trois jeunes consacrés nous ont partagé leur relecture du Congrès, dans l’esprit du synode qui veut que les jeunes soient protagonistes. Ce qui ressort, ce sont des convictions et aussi des défis à relever :
Dieu est créateur et crée du nouveau !
La bonne nouvelle doit être annoncée aujourd’hui avec des mots d’aujourd’hui !
La vocation est belle.
Des défis : Que les autres puissent en nous voir des disciples heureux de suivre le Christ. Connaître l’humanité.
Trois thèmes sortent des interventions des jeunes consacrés :
1) La pastorale des vocations doit conduire les jeunes à la rencontre avec le Christ. Elle doit être une pastorale pour les jeunes, avec les jeunes et qui permet une rencontre personnelle.
2) Nous avons besoin de changer de regard, de manières de faire, de manières de parler. 
a. Apprendre à connaître les jeunes et être avec eux là où ils sont
b. Connaître aussi les jeunes de nos communautés
c. Changement de mentalité : sans changements il n’y a pas de nouveauté !
3) Espérance : Communauté fraternelle
a. Une communauté fraternelle, basée sur des rapports de confiance, passer de la vie en commun à une communauté de vie, riche de relations interpersonnelles, faite de liberté responsable, d’accueil et de dialogue, reflet de la vie trinitaire. Humaniser la vie communautaire
b. Interculturalité
c. Radicalité : Mettre le Christ à la première place.
Les différents groupes géographiques ont présenté les propositions pour le Synode des évêques : cliquer ici pour les lire
 
Mgr Carballo a conclu le Congrès en nous donnant un décalogue sur la pastorale vocationnelle et des jeunes.
1) Tout commence par sa propre vocation ; on ne peut pas proposer aux autres ce qu’on ne vit pas. Prendre soin de sa vocation.
2) Pastorale des vocations indissociable de l’évangélisation des familles, annonce du kérygme.
3) Au centre : rencontre profonde avec le Christ. C’est le Seigneur qui est le protagoniste et dans la réponse, c’est le jeune qui est le protagoniste. Nous devons semer avec humilité et
confiance sans tomber dans un pastoral « show » ou un « passe-temps », car Jésus seul fait pousser le grain.
4) La pastorale des vocations doit proposer aux jeunes le haut degré jusqu’à atteindre la stature de l’Evangile. Ne pas avoir peur des propositions exigeantes.
5) Ouvre à la foi que Jésus peut combler une vie aujourd’hui et donner un sens profond à notre vie.
6) Une telle proposition comporte l’enjeu de vie consacrée significative qui parle vraiment de l’Evangile. Les voeux ne doivent pas être vus seulement comme renoncement, mais une
plénitude de vie et la vie fraternelle doit être réellement humanisante et un point de départ pour la mission, devenir alors une fraternité vocationnelle.
7) La pastorale des vocations prend soin de toutes les vocations et il y a besoin de travailler ensemble entre tous : consacrés, prêtres et laïcs.
8) La pastorale des vocations demande qu’on mette en oeuvre la méthode d’Emmaüs : Provoquer les jeunes, interpréter les questions qu’ils posent à partir de l’expérience de vie, une pastorale
narrative, puis les conduire vers Jésus avec le sacrement de l’Eucharistie et de la Réconciliation. Leur permettre de donner une réponse libre et responsable. Une méthode qui
leur donne d’être acteurs. Parler avec les jeunes.
9) La pastorale des vocations, c’est aussi d’être expert dans l’accompagnement des jeunes, parcourir ces chemins des jeunes. Il y a besoin d’hommes et de femmes qui soient des ponts.
10) La prière est le premier et le meilleur service que nous pouvons rendre à la cause des vocations.
 
Nous avons conclu avec la célébration de l’Eucharistie du 1er dimanche de l’Avent

 

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