02 canonisation Litanies du Nom de Jésus

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Prier avec Mère Thérèse le Nom de Jésus

« Qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans le ciel, sur la terre et dans les enfers ; et que toute langue proclame que le Seigneur Jésus-Christ est dans la gloire de Dieu le Père. »  (Introït de la messe du Très Saint Nom de Jésus. (Phil. 2, 9-11)

Début janvier / quelques jours après Noël, l’Eglise fête le Très Saint Nom de Jésus pour célébrer le jour où lors de la circoncision, fut donné le nom de Jésus à l’enfant nouveau-né, selon ce que l’ange avait annoncé à Joseph : « Marie ton épouse […] enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » (Matthieu 1, 21).

L'invocation du nom du Seigneur est une des prières les plus simples et les plus faciles. Elle est aussi une des plus puissantes puisque « quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé » (Rom. 10, 12-13).

Ce mois-ci, apprenons à l’école de Mère Thérèse à invoquer le Nom de Jésus : « En toute circonstance, offrons à Dieu, par Jésus, un sacrifice de louange, c’est-à-dire les paroles de nos lèvres qui proclament son nom.» (Héb. 13, 15).

notes : 1 La numérotation reprend celle des originaux conservés aux Archives du Cénacle en France (ACF). Pour les deux originaux perdus mais qui sont présents dans les photocopies, la numérotation est celle utilisée dans la traduction anglaise. / 2 présent dans photocopie Arch gen mais pas ACF / 3 présent aux ACF mais pas dans photocopies Arch. Gén / 4 présent dans photocopie Arch gen mais pas ACF / 5 La traduction anglaise met « Jésus très puissant ayez pitié de nous. » en numéro 28 et 30 alors que le numéro 28 est absent aux ACF et n’est pas redondant dans les photocopies conservées aux Archives générales.

Les invocations écrites sur de petits bouts de papier par Mère Thérèse sont issues d’une litanie du très saint Nom de Jésus ancienne, probablement composées au XVe siècle par saint Bernardin de Sienne et Jean de Capistran, propagateurs de cette dévotion au Saint Nom. Elles avaient été approuvées en 1585 par Sixte V pour un usage privé. Une forme revue des litanies est approuvée pour usage public par Léon XIII en 1866. Pie XI, le pape du Cénacle, y a attaché des indulgences : une indulgence de 7 ans et une plénière aux conditions ordinaires si récitées chaque jour pendant un mois complet (2 janvier 1933).

Dès les débuts, la dévotion au Nom de Jésus est diffusée par les Franciscains, puis par les Jésuites.

Comment Mère Thérèse priait-elle le Nom de Jésus ?

La présence de Dieu, lui était continuelle ; de là, cette facilité à s’entretenir avec Lui, qui lui était familière, et malgré cela, elle avait recours à des industries... pendant ses longues heures de travail manuel ; ainsi, pour n’en citer qu’un exemple, elle avait écrit les Litanies du St Nom de Jésus en petits billets détachés, et mis dans un sac, suspendu à sa chaise de travail. Et, de temps en temps, en tirait un qu’elle méditait à loisir ; puis passait au suivant, semblant tirer beaucoup de fruit de cette pratique[1].

Après sa mort, […] nous fûmes attendries en faisant la découverte d’un petit sac en vieille indienne contenant de petits morceaux de papier roulé qui dénotaient un long service. Sur chacun était écrit de la main de la vénéré Mère une invocation des litanies du Saint Nom de Jésus[2] ».

Silencieuse, dans l’embrasure d’une fenêtre, la sainte Mère tirait l’aiguille sans lever les yeux. De temps en temps, un soupir, une oraison jaculatoire révélait son union à Dieu.

J’ai remarqué sa prière si continuelle. Je lui dis un Dimanche : Mais, ma Mère, vous priez donc toujours ! – « Je dois travailler ou prier. Aujourd’hui, je ne travaille pas, donc il faut que j’emploie mon temps à prier. »[3]

Le travail manuel, et un travail des plus assidus, remplissait tout le temps qu’elle ne donnait pas à la prière. Elle s’y dévouait jusqu’à la fatigue, et elle croyait ne rien faire, et se considérait comme un membre inutile ![4]

Elle raccommodait avec grand soin tous les jupons. Elle n’était pas dédaigneuse et mettait tout son cœur même au raccommodage des guenilles ; en la voyant travailler, il était facile de voir que son cœur était plus haut ; elle gardait toujours son air recueilli, l’attention à la présence de Dieu[5].

           

Les litanies du Saint Nom de Jésus sont aussi utilisées par Mère Thérèse avec les Sœurs coadjutrices, raconte l’une d’elle : « Elle avait un petit sac dans lequel était toutes les invocations des litanies du Saint Nom de Jésus. Nous tirions une de ces invocations sur laquelle elle nous faisait quelques réflexions pratiques.[6] »

Ces litanies du Saint Nom de Jésus étaient dites lors de la prière commune du matin, jusqu’à ce que le Chapitre général de février 1862 les supprime.

Mère Thérèse écrit alors à Mère de Larochenégly, Supérieure générale, dans des termes vifs, les regrets qu’elles aient disparues (lettre du 27 mai 1862). Elle continue tout de même à les dire en privé. « Je trouve tant de douceur et de consolation à prononcer ce Nom Sacré que je passe souvent une partie de ma méditation et de mon action de grâce à le répéter, à le méditer, à le savourer, à l’invoquer, à le bénir. Jésus, ma vie, Jésus, mon amour, Jésus, mon tout... Dans sa grande misère, on sent une si grande faim de ce bien souverain, de ce bien unique, source de tous les biens et sans lequel tous les autres biens ne sont que des maux, que l’on se sent porté à l’appeler de toutes les forces de son âme ».



[1] « Souvenirs sur notre vénérée Mère Thérèse » de Me Césarine de Ferrari, produits au procès ordinaire de Lyon (1922).

[2] « Notes de la Révérende Mère du Pavillon sur la Mère Thérèse » du 2 août 1887 produites au procès ordinaire de Lyon le 3 mars 1922.

[3] Sœur Eulalie, dans « Relations des Sœurs de Fourvière sur nos Mères défuntes », Pâques 1887, citées en août 1929 au procès apostolique à Lyon.

[4] Me Alice Bertier, qui avait été sa supérieure à Lyon. Témoignage rapporté par le R.P. Lebeau, s.j., procès ordinaire de Lyon, 17 janv. 1922.

[5] « Relation de la Sœur Mélanie Desruol [1887 ?].

[6] Sr Rose (Colombe Peyrache), procès ordinaire de Lyon, 16 nov. 1920.