Deuxième partie : Congrès Pastorale des Vocations et Vie Consacrée

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Du 1er au 3 décembre 2017 s’est tenu à Rome un Congrès « Pastorale des   Vocations et Vie Consacrée, “Horizons et espérance” ».

Deuxième partie : Des textes plus personnels qui témoignent sur la façon dont ce congrès nous a rejointes, touchées

Ce congrès a été un temps fort, nourrissant à la fois pour ma propre vie religieuse, mon apostolat auprès des jeunes, pour notre communauté du Kremlin-Bicêtre envoyée ensemble auprès des jeunes et pour notre province. La dimension internationale de cette rencontre a aussi été très goûteuse pour me mettre à l’écoute de ce qui se vit au niveau de la pastorale des jeunes et des vocations dans d’autres parties du monde, élargir mon cœur, laisser tout cela faire écho en moi avec l’expérience de nos communautés interculturelles et de notre congrégation internationale...

Vous avez sans doute perçu dans la 1ère étape du partage combien les journées étaient denses... trop, à mes yeux... Mais je rends grâce d’avoir été envoyée là et appelée à vous rendre compte de ce que nous y avons vécu, car cela m’a permis d’intégrer peu à peu cette expérience et ces chantiers de réflexion 

Un point qui m’a plus particulièrement touchée, c’est la résonnance de ce que nous entendions avec le regard de Bonté de Mère Thérèse et l’appel à l’école du cœur du Christ : aimer les jeunes tels qu’ils sont et reconnaître ce qui est bon, beau, bien en eux ; être attentive à leur désir de Dieu ; avoir confiance que le Seigneur continue d’appeler et que les jeunes d’aujourd’hui ont la capacité d’entendre et de répondre à cet appel ; témoigner de la beauté et de la joie toujours actuelle de donner toute sa vie à  la  suite  du  Christ ;  cultiver  « l’art  de  la  conversation »  avec  les  jeunes (T. Radcliffe) dans une posture d’écoute et de dialogue, dans un double mouvement de recevoir et donner...

Par rapport à ma mission auprès des jeunes, j’ai été encouragée à mettre sans cesse le Christ au  centre, à « donner le Christ » plus que parler de Lui (P. Chavez Villanueva), c’est-à-dire Le

« communiquer » plus que L’annoncer (cf. n°37 de nos Constitutions), et à accompagner les jeunes dans leur vocation, pour faire un choix de vie, des choix pour la vie... Ma prière pour eux s’est élargie : pour que chacun trouve sa vocation, sa manière propre de vivre « la joie de l’amour » (Document préparatoire).

Pour nous, sœurs du Cénacle, j’ai entendu particulièrement deux appels. D’une part, être plus audacieuses, plus proposantes, plus invitantes pour ouvrir nos communautés, notre table, notre prière, notre charisme, nos activités à ceux qui le désirent... D’autre part, les entendre me/nous dire « venez et voyez » (Jn 1,39), autrement dit, sortir à leur rencontre, discuter et passer du temps gratuitement avec eux, pour apprendre à les connaître davantage et me/nous laisser interpeler dans notre identité de sœurs du Cénacle.

Que l’Esprit donne à chacune de vous de se laisser renouveler dans sa présence, active et priante, auprès des jeunes d’aujourd’hui !

 

Anne-Catherine

 

 

Une pastorale des jeunes et des vocations pour notre Province Europe-Togo

Pape François, dans son discours adressé aux participants au Congrès, nous a dit : « La dimension vocationnelle de la pastorale des jeunes n’est pas quelque chose qui est proposée seulement à la fin de tout le processus ou à un groupe particulièrement sensible à un appel vocationnel spécifique, mais elle doit être proposée constamment tout au long du processus d’évangélisation et d’éducation dans la foi des adolescents et des jeunes ». La pastorale des jeunes doit être vocationnelle, elle doit permettre aux jeunes de faire des choix.

Nous avons été mis en garde du danger de garder des jeunes dans les groupes sans que leur chemin débouche dans des choix de vie. Cette indication me semble particulièrement intéressante pour notre province en ce moment où deux communautés ont reçu la mission auprès des jeunes et cherchent comment la vivre et  qu’est née la Plateforme YZ&Cénacle. Je sens ces mots du pape comme une confirmation des choix.

A l’écoute des jeunes

Nous avons été invités à nous mettre à l’écoute des jeunes et des questions qu’ils portent pour éviter de répondre à des questions que personne ne se pose ! Cette écoute et cette recherche correspondent bien à ce que nous sommes : au Cénacle, nous faisons des propositions à partir de ce que nous percevons comme besoins. C’est aussi une indication précieuse à garder, comme une boussole, pour la pastorale des jeunes et des vocations pour notre province.

Nous avons été aussi invités à écouter non seulement les jeunes de l’extérieur mais aussi les jeunes qui sont dans nos communautés. Les jeunes ont une expérience souvent différente de la nôtre qui nous enrichit. Nous avons été invités à entrer dans une réciprocité, à nous mettre à l’écoute des jeunes générations qui ont beaucoup à nous donner, à nous transmettre. Ceci aussi me semble une indication à suivre : écouter les sœurs plus jeunes, travailler avec elles, nous laisser enrichir par ce qu’elles portent.

Une pastorale de la narration à l’extérieur et à l’intérieur de nos communautés.

Un aspect de la pastorale des jeunes et des vocations est la narration. Les jeunes attendent que nous leur racontions la rencontre que nous avons faite avec le Christ quand il nous a appelés à sa suite et que nous racontions quelque chose de notre relation avec lui. Nous avons été invités à avoir une pastorale qui ne soit pas seulement externe mais aussi interne, c’est-à-dire, dans nos communautés. Cela peut être un moyen pour prendre soin de notre vocation. Cette réflexion sur la narration a fait naître en moi le désir de partager dans nos communautés le récit de notre vocation. Il me semble que partager ce moment fondateur de notre vie, pourrait être une belle occasion de nous connaitre davantage et de découvrir le cœur de notre appel..

Changer les œuvres en présence : le souffle de Mazille

Il nous a été dit que la vie religieuse, dans certaines parties du monde, est considérée comme une prestataire de services sociaux: nous ne sommes pas des philanthropes mais des apôtres ! Je crois que pour notre spécificité apostolique, nous ne sommes pas considérées comme prestataire de services. Mais cette réflexion m’a parlé. L’invitation qui a été faite au Congrès est celle de « changer les œuvres en présence ». C’est en effet, ce que nous cherchons à vivre grâce au souffle Mazille quand nous ne pensons plus en terme d’activités (retraites, catéchèse, accompagnement spirituel) mais de présence aux familles de personnes.

Culture et vocation : passer de l’internationalité à l’interculturalité

Timothy Radcliffe nous a partagé son expérience de la rencontre entre les cultures et la vocation à la vie religieuse. Il nous a présenté la vie religieuse comme un appel à vivre, appel à « la Vie en abondance ». La vie religieuse est une manière de dire « Oui » à la vie en abondance. Radcliffe a mis en relief le défi qui traverse la vie religieuse quand ceci rencontre d’autres cultures. 

Les « autres cultures » sont ethniques et/ou générationnelles. Les différentes cultures disent la vie de manières différentes, il est alors nécessaire de communiquer, parler pour se comprendre et ne pas tomber dans l’incompréhension. J’ai été touchée quand Radcliffe nous a dit que la rencontre avec celui qui est différent nous fait découvrir qui nous sommes. « L’identité ce n’est pas un choix mais une découverte que nous faisons quand nous devenons frères et sœurs d’autres cultures  et générations ». Il nous a invités à faire tomber les petites identités : nous sommes du Christ ! « Le défi est alors de chercher comment soutenir dans ce pèlerinage les cultures particulières et transcender vers le Royaume ». Ces mots m’ont particulièrement rejointe dans l’expérience que je vis de larencontre de la culture française et de la culture des jeunes. J’ai expérimenté que la rencontre avec des cultures différentes de la mienne me permet de découvrir et de prendre conscience de ma propre culture. Notre province, dans sa richesse et sa diversité, est rejointe par ce défi. Mon souhait est que no us puissions nous mettre ensemble à l’école du cœur pour vivre l’interculturalité, comme le Chapitre Général nous y a invitées.

Luisa

 

Avant même de partir au congrès, j’étais très dynamisée à l’idée de vivre ce temps fort de l’Eglise universelle. Située de ma place de sœur engagée dans une communauté missionnée auprès des jeunes, envoyée par ma communauté elle-même, je me réjouissais d’avoir à vivre ce temps. Nous étions 4 sœurs du Cénacle et combien d’autres, laïcs, prêtres, religieux, religieuses du monde entier à nous retrouver à Rome pour recevoir ensemble des apports puis rédiger des propositions pour nourrir la réflexion de ce synode.

Petit cadeau en plus, nous étions 7 à partir ensemble chaque matin sur le lieu du congrès. La collaboration, la rencontre commençait dès le départ de la maison où 3 sœurs étaient logées. Cela peut paraitre anecdotique, mais pourtant, j’y voyais là le signe prophétique de la vie consacrée : 7 sœurs, 4 congrégations, 3 spiritualités… Un même Dieu qui appelle, qui envoie…

Arrivée sur le lieu du congrès (chez les Légionnaires du Christ) j’ai été touchée par l’assemblée que nous formions. Le monde entier dans sa diversité : pays, langues, peuples,… La question des vocations met en route, rassemble, dynamise.

Oui, toute vie est vocation.

Et au fond de moi une question germe alors que nous écoutons la lettre du pape François : A quelle vocation chacun de ces religieux pensent-ils en participant à ce rassemblement ?

Ce que je garde comme conviction : La vocation, quelle qu’elle soit, n’est pas à réduire à une simple activité, un faire, aussi bénéfique soit-il. La vocation est un être, un chemin qui se fait au fur et à mesure. Elle est vraiment un chemin de bonheur, un chemin vers un accomplissement intégral, vital de la personne. Et nous devons accompagner le chemin, pas à pas, nous mettant nous-mêmes sur ce chemin. Nous ne sommes pas appelées à marcher à côté du chemin mais bien sur le chemin, avec ses cailloux, ses nids-de-poule, ses accidents et ses douceurs… et accompagner ainsi les jeunes qui nous rejoindrons sur ce chemin à faire. En empruntant nous-mêmes ce chemin, nous pourrons aider le jeune à trouver sa propre identité dans une relation vraie avec le Christ.

La dimension du témoignage joue un rôle prépondérant, capital. Témoigner de ce que je suis en profondeur, non pas de ce que je fais. Alors le jeune s’interrogera à son tour sur ce qu’il est appelé à être pour toucher à ce bonheur voulu par Dieu pour lui, pour chacun de nous. Naturellement, je me suis alors poser la question : Au Cénacle, quel témoignage je donne à voir ? Qu’est-ce que je dis (nous disons) de la vie religieuse dans mon (notre) style de vie, dans ma (notre) vie de prière, dans la vie communautaire, dans l’accueil et la disponibilité ? Autant de questions à regarder ensemble pour mieux témoigner de celui qui nous anime.

Témoigner encourage à être vraie, à ne pas avoir peur de montrer la réalité de nos vies avec ses forces, ses points d’ancrage salvateurs, et toutes les rugosités qui rendent parfois la vie  compliquée ou difficile. Mais si notre bonheur est sans artifice, alors pourquoi ne pas en témoigner, oser dire la joie qui nous habite !

Une deuxième conviction que je cueille à nouveau : je réponds à ma vocation si je me laisse rencontrer par Jésus. Et je dois en témoigner. Car le Seigneur passe, voit, aime, appelle. Il passe dans le quotidien. Il n'est pas seulement dans les grandes choses, mais dans les simples heures du quotidien. Et ça c’est capital. Parce que ça veut dire qu’il passe dans tout de qui fait ma vie et que  je n’ai pas à attendre d’être parfaite pour entrer dans l’intimité de Jésus et de répondre à son appel. Il m’invite comme je suis. Il m’aime comme je suis. Quel bonheur ! et quelle joie de devoir en témoigner !

La réponse à donner à l’appel du Seigneur peut grandir si je me suis rencontrée avec moi- même, avec le « qui je suis », si je suis en vérité avec ma propre histoire. Toute la radicalité de l’appel à la suite du Christ se situe là : le Seigneur n’appelle pas en CDD. Il appelle totalement, et la réponse doit être un don total, plein, de moi-même C’est ça la radicalité de l’évangile. Il n’appelle pas à une vie « décaféinée » !

Une troisième conviction : la rencontre avec Jésus se fait dans une rencontre avec l’autre, en ce lieu où je laisse apparaitre les différences. Je les respecte, je les aime et je m’en enrichie. Notre aventure de congrégation dans l’internationalité vient nous aider à faire cette rencontre avec le Christ. La rencontre de l’autre différent me permet de trouver qui je suis. A travers les différences et les ressemblances, je me trouve moi-même. Cela devient témoignage pour le jeune qui a souvent plusieurs identités et donne à voir ce qu’il veut sur le Web.

Ces convictions ne sont pas nouvelles mais je les ai cueillies à nouveau avec force. Et cela me réjouit  !

Nathalie