04 canonisation Mère Thérèse et l'Eucharistie

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Mère Thérèse et l’Eucharistie

Le mois d’avril est traditionnellement consacré à l'Eucharistie : Messe et Saint Sacrement. Pour nous aider durant ce mois, voyons ce que Mère Thérèse nous dit sur ces thèmes.

Illustration : « Nouvelle année eucharistique ou préparations et actions de grâces pour la Sainte Communion… », Clermont-Ferrand, Librairie catholique (rue du Terrail), 1848, 468 p.

Ce livre a été utilisé par Mère Thérèse. Il porte la mention « Communauté de la Retraite Lyon Montpellier » (Montpellier est barré).

 

Communion

« Elle avait un grand amour pour la sainte communion, et un jour qu’on lui parlait de la communion fréquente elle dit qu’elle ne pensait pas qu’il y eut une meilleure préparation à la communion que la communion elle-même[1]. »

 « Au printemps 1866, la Me Thérèse me rendant compte du temps qu’elle employait à ses Exercices spirituels me dit : "Quand j’ai fait la Sainte Communion, il m’est impossible de quitter la Chapelle comme les autres jours ; le temps consacré à l’action de grâces par la Communauté me parait si court que je suis obligée de me faire violence pour la suivre au Réfectoire. J’y vais, je déjeune sans savoir ce que je fais et sans être un instant distraite de la présence de Notre-Seigneur. Quand je reviens à la Chapelle et que je m’y trouve seule, je puis me livrer aux impressions que j’ai dû cacher jusque-là, et souvent je suis inondée de larmes. C’est une faiblesse des nerfs, ajoutait humblement la sainte Mère, il y a des jours où la seule pensée de Dieu émeut tellement mon cœur que je ne suis pas maîtresse de moi. Je voudrais alors me cacher à tous les yeux et l’obligation de rester dans le chœur me cause une souffrance et une gêne indicibles." […][2] »

« Je profite un peu plus souvent de la permission que vous m’avez donnée d’ajouter une communion à celles que je faisais déjà, c’est une consolation de plus et une grâce dont je vous remercie de nouveau, car je l’apprécie beaucoup. Cependant, il faut bien le dire, c’est un pain qui ne rassasie pas, plus on le mange et plus on veut le manger, cette pauvre âme a toujours faim de son Dieu et jusqu’à ce qu’elle lui soit entièrement unie elle soupirera après lui[3] ».

« A propos de la froideur qu’on éprouve quelquefois dans la Sainte Communion, elle disait : Moins on sent que Notre Seigneur est avec nous, plus il y est. Elle conseillait de ne jamais laisser la sainte communion, au contraire, si on pouvait communier trois fois le jour, on devrait le faire[4]. »

« Ce qui importe, ce n’est pas de communier plus ou moins souvent, c’est de bien communier ; c’est de ne chercher dans la Sainte Communion que Jésus-Christ et une parfaite conformité avec Lui[5]. »

Adoration du Saint-Sacrement et le dimanche

« Je lui demandais d’où venait que l’on était si facilement accablé par le sommeil durant les exercices à la chapelle. « Sans doute, répondit-elle, il faut faire la part de la faiblesse humaine, de la fatigue ; mais c’est aussi parce que nous n’avons pas une foi assez vive : nous ne sommes pas assez pénétrés de cette pensée que Notre Seigneur est réellement présent là devant nous[6] ».

« Je lui dis une fois : ‘Ma mère, vous restez trop longtemps à genoux à la chapelle et cela vous fatigue’. ‘Mais non, me dit-elle, je le regarde dans son tabernacle et le temps passe bien vite, trop vite ».

A la même Sœur qui traversait une période de profond découragement : « Quand vous allez devant le Saint-Sacrement, agenouillez-vous en face du tabernacle et puis dites-Lui ‘Seigneur, je suis là, regardez-moi, s’il-vous-plaît. Je suis faible, bien faible, réconfortez-moi. Je suis malade, guérissez-moi. Donnez-moi l’humilité et la confiance pour que je porte mes misères sans me décourager.’ Voyez, ma bonne Sœur, nous ne devrions jamais laisser pénétrer dans notre cœur une seule pensée de tristesse, ayant au milieu de nous Celui qui fait la joie du ciel. Mais nous ne comprenons pas notre bonheur. Nous allons chercher ailleurs à nous faire consoler. Il nous faut des consolations sensibles, voilà. Mais n’est-ce pas une vraie folie. Du reste, vous savez aussi bien que moi qu’elles sont vaines et de peu de durée et qu’elles nous font perdre celles que notre Seigneur nous ferait sentir au-dedans de nous si nous allions droit à Lui. […] »

« Une autre fois, elle me disait : quand vous recevez la Sainte Communion, suppliez Notre Seigneur de vous aider à vous vaincre, à vous renoncer ; car je vois souvent que vous êtes aussi susceptible, aussi impatiente, après la Communion qu’avant. Communier, ce n’est pas seulement pour avoir le bonheur de posséder pendant quelques minutes la Présence réelle de Notre Seigneur ; il faut que cette Communion dure toute la journée. Croyez-moi, une âme religieuse qui n’a pas d’autre volonté que la volonté de sa Supérieure qui est pour elle celle de Notre Seigneur, toutes ses actions sont autant de communions spirituelles ; c’est-à-dire qu’elle est toujours en communion avec Notre Seigneur[7] ».

« Elle n’interrompait jamais sa prière, son âme était toujours en communication directe avec Dieu, les dimanches et les jours de fête elle ne quittait littéralement la chapelle que pour ses courts repas et la récréation, elle devait y passer de 10 à 11 heures ce jour-là[8] ».

Le dimanche

« En août 1866, après un jour de Recollection la Mère Thérèse me disait : "Je n’ai plus qu’un besoin, qu’une pensée : prier, toujours prier. Cela est si fort en moi que le Dimanche je suis comme une âme en peine tout le temps que je passe hors de la Chapelle, (parce que ce jour-là, elle se sentait dégagée du travail manuel qu’elle faisait si consciencieusement dans la semaine.) Autrefois je faisais avec goût et consolation ma lecture spirituelle, maintenant je ne puis ni m’y appliquer, ni y trouver un soulagement à l’attrait si puissant qui m’appelle devant le St-Sacrement. Je la fais cependant, le Père Desjardins à qui je disais cela un jour m’ayant répondu : « Faites ce qui est de Règle toujours et malgré tout », mais il m’en coûte beaucoup[9]. »

 « La Mère Thérèse employait sa journée du dimanche à l’Adoration du Saint-Sacrement[10] ».

« Ses dimanches n’étaient qu’une prière continue, restant à genoux sans s’appuyer nullement contre son prie-Dieu, s’asseyant rarement, ne mettant pas moins de trois quarts d’heure pour faire son chemin de croix ; à la fin elle paraissait exténuée et fléchir sous le poids. Mais ses dimanches si bien employés la rendaient d’ordinaire comme malade, c’était reçu…[11] »

« Mère Thérèse se tue d’amour de Dieu, croiriez-vous qu’hier elle est restée à la chapelle depuis 5h du matin, jusqu’à plus de 10h, ne prenant sur ce temps que juste le temps de déjeuner[12] ».


[1] Me Ponchon, témoignage rapporté par Me Irène Maranzana, archiviste, procès apostolique de Lyon.
[2] « Notes de la Mère Chartier sur notre vénérée Mère Thérèse », nov. 1885, produits par Mère Baudot au procès.
[3] lettre à Mère de Larochenégly, 5 juin 1865.
[4] Me d’Esparbès, témoignage rapporté par Me I. Maranzana, archiviste, procès apostolique de Lyon. Idem Sœur Augustine (janvier 1885 à Lyon).
[5] T.R.M. Marie Aimé Lautier, procès ordinaire de Malines.
[6] Me M. L. Courbon de Saint Genest, procès ordinaire de Lyon, 16 mai 1920.
[7] Sr Agarit, 1887.
[8] Mère Hallez citée témoignage rapporté par Me I. Maranzana, archiviste, procès apostolique de Lyon.
[9] « Notes de la Mère Chartier sur notre vénérée Mère Thérèse », nov. 1885, produits par Mère Baudot.
[10] Marie Desgrands, procès ord. Lyon (1920).
[11] Souvenirs de la Mère Césarine de Ferrari produits par Mère Baudot. Elle a vécu avec Mère Thérèse pendant les périodes 1859-1862 et 1872-1879.
[12] Lettre de la Mère Caroline de St Privat (de la communauté de Montpellier) à la RM Dambuent Assistante générale, 17 juin 1866.