03 canonisation Mère Thérèse le Carême et la Pénitence

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03 – Carême et pénitence

Marie Desgrands, procès ordinaire de Lyon (1920) : Elle était détachée de tout. Lorsqu’à la fin de sa vie elle perdit l’usage de l’ouïe, elle disait : « J’ai désiré toujours ne pas entendre parler les créatures, maintenant je ne peux entendre parler du Créateur. » La Mère Thérèse était sobre en tout, mangeait très peu : elle coupait en tout petits morceaux les bonbons de réglisse usités contre la toux et de cette manière la provision d’un jour durait une semaine. De même, la petite bouteille de vin durait indéfiniment. Je n’ai pas su si Mère Thérèse faisait des pénitences corporelles. J’ai su seulement par la Mère Bertier qu’elle jeûnait pendant le Carême, alors qu’elle était dispensée par l’âge.

Mère Félicie Rostaing, id.« Chaque année, au temps de la Passion, elle songeait à se mortifier davantage et ne manquait pas d’envoyer à la Révérende Mère Supérieure la liste des pénitences qu’elle pensait faire. »

Souvenirs de la Mère Césarine de Ferrari, qui a vécu avec Mère Thérèse de 1859 à 1862 et de 1872 à 1879, produits par Mère Baudot au procès ordinaire de Lyon : « Quant à sa mortification, elle était sans trêve ni merci et comme le porte la Règle : continuelle en toutes choses. »

Mère de Vaines, procès ord. de Malines : « à propos de la loi du jeûne, elle disait aux religieuses dispensées : « Si vous êtes dispensées, obéissez, mais regrettez-le. » Voyant un jour une Sœur âgée et presque tombée en enfance prendre une corbeille à ouvrage, et se mettant à travailler un dimanche, la Serv. de Dieu se montrait très affligée de voir poser un acte contraire aux lois de l’Eglise. »

Mère de Vaines, id.« Sa dévotion à la Passion me rappelle le trait suivant que j’ai entendu raconter à la Mère Anna qui était dépensière. Mère Thérèse prenait du vin sucré pour son goûter ; on était en Carême. Quand arriva le temps de la Passion, elle écrivit à la dépensière le petit billet suivant : "Voici le temps où Notre-Seigneur fut abreuvé de fiel. Convient-il de boire toujours au sucre ?" Et le vin sucré fut supprimé. »

Mère de Montgrand, id.« Plus tard, étant Supérieure à Rome, j’ai revu la Mère Thérèse à Fourvière. Elle vivait déjà retirée dans sa chambre. Comme je n’avais pas l’air très prospère en ce moment, elle me dit : "Vous êtes si maigre, si pâle ; il ne faut pas faire trop de pénitence, c’est déjà une assez grande pénitence d’exercer la charge de Supérieure". Elle a ajouté : "Mangez, buvez, dormez, c’est un pénitence suffisante de supporter les différents caractères." »

Mère de Montgrand, id.« Tempérance : Elle était très sobre pour elle-même : le strict nécessaire, tout en étant très large pour les autres. Quand, à la fin de sa vie, on lui donnait quelques exceptions, cela lui coûtait beaucoup. Elle répondait toujours : "cela n’est pas pour les pauvres". »

Mère de Belenet, procès ord. Lyon : « La Sœur Clémentine, morte à Montpellier en 1928, étant encore novice à Lyon avait été aide de l’infirmière et chargée de monter le plateau chez la Mère Thérèse pour ses repas. Il lui arriva d’oublier de monter un verre. La Mère Thérèse se garda bien de le faire remarquer. Je ne me souviens pas si ce fut le même soir ou seulement le lendemain (c’est-à-dire si elle passa un repas sans boire ou tous les deux ce jour-là) que voyant la sœur chercher quelque chose, elle lui dit : "Vous cherchez le verre, mais il n’y en a pas." La Sœur, au regret de sa maladresse, se mit à faire des excuses, mais la bonne Mère se mit à la tranquilliser, l’assurant que c’était tout à fait à propos, de ne pas avoir le moindre regret. Cependant, la novice vint trouver Mère de Gaudin pour lui avouer sa sottise et tout le regret qu’elle en éprouvait. Celle-ci la consola en lui disant que la Mère Thérèse avait été tout heureuse d’avoir l’occasion d’offrir cette petite pénitence au bon Dieu, surtout parce qu’on venait de lui recommander la conversion d’un pécheur pour lequel elle avait offert cette privation, et la grâce avait été obtenue : le pécheur était converti. »